La 32e édition de l’événement a confirmé sa place de choix parmi les manifestations VTT les plus emblématiques de France, inscrite au calendrier UCI et capable d’attirer un joli plateau d’athlètes filles et garçons parmi les meilleurs (es) de la planète. Mais la Transmaurienne ce n’est pas que de l’ultra compétition avec des coureurs très affutés. Chacun peut s’y faire plaisir avec des parcours accessibles : en mode compétition, randonnée sportive, en vélo électrique et même en draisienne… du vélo tout terrain pour tous !

D’abord raid VTT entre la France et l’Italie auquel j’avais participé pour sa 6ème édition (1994), l’événement a parcouru les terres mauriennaises, un temps plus bas dans la vallée, sur les Sybelles au-dessus de Saint-Jean-de-Maurienne, avant le retour « aux sources » en 2016 : Aussois et Val-Cenis.

UN DEFI A RELEVER

Lorsqu’on décide de participer à cette épreuve, ne serait-ce que pour une seule étape, on sait à quoi s’attendre. C’est un vrai défi : il faut se dépasser, aller au-delà des limites mais en gardant suffisamment de lucidité pour gérer au mieux et prendre du plaisir. Car au-delà du chrono, je suis aujourd’hui plus adepte du VTT plaisir ce qui n’exclut pas une petite dose de performance !

Alors lorsque Yann LEOST, directeur d’Intermarché Fourneaux-Modane, sponsor de la « Transmau », et VTTiste assidu, m’a proposé de l’accompagner pour 3 étapes, je n’ai pas pu refuser : Mode première le 19 Juillet à Val-Cenis, le 9 août pour la randonnée sportive également à Val-Cenis et l’ultime étape de la 6000D à Aussois le 14 août.

Et comme je suis un « local », rouler sur la terre de mes ancêtres dans ce contexte sportif était plus qu’un jeu… une obligation avec l’exigence de « faire du bon travail » !

UN PARCOURS INEDIT…

C’est une étape à part de 43km avec plus de 2000m de dénivelé, pour laquelle les organisateurs de LVO Sport Events ont privilégié des secteurs peu empruntés et méconnus, non loin de la frontière italienne et difficiles d’accès. Extrêmement sauvage, une partie de l’itinéraire fait ainsi face au versant plus connu du village d’Aussois et du parc national de la Vanoise.

LA COURSE

Le départ est donné peu avant 9h00. Je ne touche pas à mon Garmin 1030+ car il se mettra automatiquement en route dès lors que je dépasserai les 10km/h et ça va vite arriver !

Le tracé démarre par une première boucle de 1600m de longueur avec une moitié à 9% d’entrée qui doit normalement permettre d’étirer le peloton. Pas de chance, on a tous soudé !

On poursuit en enfilade le long du ruisseau de Saint-Pierre avec franchissement de 2 petits ponts en bois sur lesquels il faut rester vigilant : il serait dommage que la course s’arrête dans le ruisseau…

Le parcours jusqu’au Pont du Diable est magnifique. On se croirait dans l’arrière-pays niçois tant le climat est sec ici. Tantôt à découvert avec une vue sur le Fort Victor-Emmanuel II, tantôt en forêt bien à l’abri du soleil, le profil est descendant (250m de D-). Derrière les coureurs poussent !

Après avoir franchi l’emblématique village de l’Esseillon, sa place d’arme et sa pyramide, le tracé plonge dans les gorges du diable. Tout un programme !

Après 40mn de course, on atteint la commune d’Avrieux, mon fief. La remontée est douce, sur piste large et meuble jusqu’au fort Marie-Thérèse. C’est le moment d’enclencher le mode « Lockout » sur le Genius pour un meilleur rendement. Mais déjà, mon Garmin m’indique une nouvelle difficulté, je pense un peu surévaluée. Juste avant, belle surprise : le passage dans le souterrain du Fort Marie-Thérèse, normalement réservées aux visites guidées, qui relie le bâtiment au corps de garde de l’autre côté de la route. Un privilège rare !

 

Finie la rigolade, place désormais à la montée de 12km sur une piste forestière, qui va nous mener jusqu’à la Bergerie de Longe-Côte. Le parcours sauvage commence ici. Il faut garder de la fraicheur car la suite s’annonce costaude, comme le confirme le ClimbPro. La pente se raidit par endroit jusqu’à 17%… Il faut rouler au mental et essayer de calmer le cœur pour trouver un rythme de croisière. Beaucoup de coureurs me doublent. Ce n’est pas un problème, je privilégie le plaisir et une douleur maitrisée !

L’itinéraire nous emmène sur le secteur du Solliet d’en Bas. Il me reste 1300m à parcourir pour le premier ravito du parcours : La bergerie de Longe-côte. Un petit coup d’œil au sentier des Esseillons, juste en face à un peu plus de 500m à vol d’oiseaux, dont je sais, en local de l’étape, que ce sera la partie la plus dangereuse du parcours.

Après avoir pris un peu d’eau au ravitaillement, je repars assez rapidement, face à la reine du Vallon : l’aiguille de la Scolette (3506m) qui plonge sur l’Italie.

Direction le Pont du Fond, emporté à plusieurs reprises par des avalanches, mais toujours reconstruit.

Juste à sa sortie, c’est brutal : 30 à 32% de pente, donc portage obligatoire ! ça se radoucit ensuite sur une zone herbeuse à 17% ! La voilà, l’entrée de la forêt des Montonnaz : une traversée difficile, chaotique par endroit et très étroite. Il faut rester vigilant. Puis le parcours bifurque en direction de la prise d’eau du Vallon et un sentier vraiment méconnu des vététistes non locaux : le chemin de Boges. Premières crampes…

On entre ensuite dans le secteur le plus délicat : le sentier des Esseillons, tout en encorbellement, il change radicalement d’allure et monte en dangerosité lorsque nous arrivons à « la Roche du Preyre », la roche du prêtre. Portage obligatoire avec même une ligne de vie pour nous aider.

Il faut attendre le plateau de la Repose sur la station de la Norma, pour profiter d’un profil plus tranquille et reprendre des forces, avant la descente sur le front de neige au plateau du Pra. Un single piégeur avec quelques racines mal placées, alternant avec de larges pistes forestières.

Après un passage par la station de la Norma, direction Modane par la belle traversée des Avenières, son plan d’eau et de baignades, puis les Tufs. C’est le dernier grand profil descendant, une section très rapide, étroite par endroits, partiellement à l’ombre et ça fait du bien car la température est élevée !

Jusqu’au village d’Avrieux, un peu de tranquillité : 4km pendant lesquels l’altitude ne croit que de 20m ! Second arrêt ravito, il faut reprendre des forces avant l’ascension finale. Ici, je joue à domicile : le pont en bois, l’église, la rue du Moulin, le pont et la chapelle St Sébastien, la chapelle de la Trinité et les « près de l’envers ».

La pente se durcit pour atteindre la « route des forts ». Le parcours franchit l’unique col de l’étape, le col de l’Esseillon à 1340m, puis traverse le cimetière sarde avant de rejoindre à nouveau le goudron et la route des forts.

L’arrivée est toute proche, c’est le moment de bloquer la fourche et l’amortisseur (avec le système Scott) pour garder le meilleur rendement.

La fin du parcours ne suit pas la trace gps, elle a été modifiée par les organisateurs : on emprunte à nouveau la route du camping, la descente au rocher d’escalade du Croë, avant de longer en profil montant le ruisseau de St Pierre et de grimper un ultime raidillon avant le franchissement de l’arche d’arrivée.

« Parcours terminé » s’affiche sur mon Garmin : 2025m de d+ et 43km ! Un peu fatigué, mais heureux d’avoir validé cette étape sans douleur, sans casse, malgré 2 petites chutes. Et ce n’était pas rien… Prêt à remettre le couvert en 2021 !

Un grand merci à Emmanuel pour son récit